Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/423

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avait arrosé avec les siennes les pieds du fils ; et le tremblement même des voix claires des frères Gèdre et Blanche qui avaient peur de chanter devant tout le monde, au chœur, ajoutait encore à l’émotion de ces strophes réclamant de Marie la grâce de pleurer et de compatir avec elle.

La messe, ainsi ingénûment et craintivement traitée, avait une autre tendresse, un autre accent d’adoration que celle qu’aurait vociférée, s’il avait été présent, le préchantre Ramondoux qui écrasait, de parti-pris, avec les mugissements de son marteau-pilon, les autres voix.

Quelle chance qu’il ait obtenu congé, celui-là ! se disait Durtal ; et il ajouta mélancoliquement : hélas ! C’est la dernière bouteille de plain-chant que je bois, car dès demain, le cellier des mélodies grégoriennes sera vide !

Après l’évangile, le curé monta en chaire, demanda la bénédiction au P. Abbé, fit l’éloge des moines et exprima, au nom de la paroisse, le regret de les voir partir.

Il parla net et bien.

Cela rachète tout, même la haine du plain-chant, pensa Durtal et il lui pressa la main et le félicita, à la fin de la messe ; puis s’en fut trouver le P. Felletin dans sa cellule.

Il voulait se confesser, une dernière fois, à son ami, mais il n’y avait plus ni prie-dieu, ni chaise ; tout était ôté jusqu’au crucifix et à la gravure en couleur de la vierge ; une paillasse sans draps gisait, seule, étendue, pour y passer la nuit, sur le carreau.

Le père s’assit sur le rebord de la fenêtre et comme