Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/424

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le sol était couvert par la poussière du déménagement, Durtal déploya un vieux journal et s’agenouilla dessus.

Quand il se fut relevé, ils s’entretinrent.

Dom Felletin essayait de réagir contre la tristesse qui l’accablait ; il causait de l’avenir en lequel il avait foi, des desseins providentiels qui tendaient certainement à épurer l’église, du rôle inconscient que jouaient les énergumènes des deux chambres, destinés, sans le savoir, à accomplir peut-être une besogne utile, et il disait :

— Demain, nous décamperons, au petit jour et nous coucherons, le soir, à Paris chez les Bénédictines qui nous ont préparé un dortoir.

J’emmènerai, le matin, après la messe, tous les novices et les convers à Notre-Dame des Victoires et, dans l’après-midi, nous ferons, si nous avons le temps, un pèlerinage à la basilique de Saint-denys, et, en tout cas, à saint Germain-des-Près, car il est juste que nous allions saluer la vierge que l’on y révère et qui est nôtre et que nous rendions aussi une visite à nos grands ancêtres, Mabillon et Monfaucon dont les dalles funéraires sont scellées dans le mur de la chapelle récemment attribué à Benoît Labre. — Saint-Germain-des-Prés est la basilique de Paris qui est la plus remplie de souvenirs pour nous. Outre qu’elle fut l’abbatiale du monastère, elle recèle maintenant Notre-Dame la blanche, consolatrice des affligés. Sa statue, située à droite de la grande porte d’entrée, fut offerte, au quatorzième siècle, à notre abbaye de saint Denys par la reine Jeanne d’Evreux et, après avoir séjourné pendant la révolution au musée des petits Augustins, elle est revenue se fixer à Saint-Germain-des-Près, dans une ancienne église de notre observance.