Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/431

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Ces démences n’étaient que douloureuses pendant le jour, mais elles devenaient vraiment effrayantes avec la nuit.

Aussitôt que la bougie était éteinte, les ennuis se désordonnaient ; l’ombre agissait sur l’esprit, comme un miroir grossissant de phantasmes, comme un microscope qui changeait les fétus en poutres. Toutes les difficultés s’exagéraient. Ce déménagement, mais il allait falloir ramener une voiture capitonnée de Paris, une ? Deux, car ses cinquante paniers de livres composaient, à eux seuls, le chargement d’un wagon. À quel prix monterait alors cette expédition !

Et puis arrêter un appartement, c’est facile à dire. Où ? Comment d’ailleurs loger autant de bibelots et de volumes ? Il n’y avait pas à compter sur une maison neuve où en fait de murs, il n’existe que des cloisons vitrées et des portes à double battant, le tout tapissé de boiseries crème et surmonté de plafonds bleutés. Ces appartements-là sont bâtis pour des gens qui n’ont pas de meubles et encore moins de livres !

Il sera donc nécessaire de découvrir sa niche dans un vieil immeuble, mais alors c’est l’humidité, le manque de jour, l’incommodité de pièces mal distribuées, difficiles à chauffer ; c’est la glacière et c’est le cabanon.

Ensuite mes recherches sont circonscrites dans le VIe et le VIIe arrondissement, près de la rue monsieur, s’il est possible. Trouverai-je, à un prix raisonnable, le havre envié, dans ces parages ?

Et si, en ruminant ces réflexions, il parvenait à s’assoupir, il somnolait d’un sommeil concassé et se réveillait, brisé, vers les trois heures ; il se forçait à ne pas