Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/442

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mais ils constatèrent que les papiers étaient en règle, qu’un seul religieux était domicilié, avec un concierge laïque, au monastère et ils s’en furent.

Telle était la situation, quelques jours après le départ du père abbé.

Durtal gisait, démâté, et s’il n’avait pas eu auprès de lui cet être angélique qu’était le frère Blanche, il aurait sûrement sombré dans le découragement. Jamais il n’aurait cru que ses moines lui tenaient autant au cœur ; un mirage se produisait. Il ne voyait plus les défauts, les ridicules, les tares, tout le côté trop humain du couvent ; la partie honnête mais médiocre du milieu s’enfonçait dans l’ombre, tandis que les deux extrémités, la vieillesse et l’enfance, s’avançaient en pleine lumière : les vieux religieux et ceux formés d’après l’ancien module, vraiment imposants et vraiment pieux et les petits novices dans toute la première ferveur de leur vocation. Grâce à ces deux éléments, il sortait une vertu de ce monastère et il en était de cette vertu de même que de la force liturgique ; le courant continu devenait par accoutumance presque insensible, mais l’on se rendait compte de sa très réelle puissance, par sa propre faiblesse à soi, aussitôt qu’il se trouvait interrompu.

À se rappeler le P. Abbé, si indulgent et si bon, le P. de Fonneuve, le P. Felletin, le P. d’Auberoche, tous ces pères qu’il avait et fréquentés et aimés, Durtal attisait ses regrets et stimulait aussi son aversion pour ces paysans qu’il savait le détester autant que ces Bénédictins dont il était l’ami.

Des inscriptions tracées au charbon et à la craie sur les murs de l’abbaye et sur les siens : « à bas les moines,