Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/446

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sur le sol. Les pauvres fleurettes jaunes des plantes de rebut, des moutardes, des benoîtes et des potentilles, celles surtout de l’herbe de sainte Barbe, de ce vélar, d’aspect si indigent avec ses tiges grêles qui se croisent et ressemblent à de minuscules perchoirs de perroquets, envahissaient les massifs où pointaient les ronces. La nature, qui cessait d’être surveillée, commençait à faire des siennes.

Quelquefois, avec le frère Blanche, il se promenait sous le berceau de vigne des novices.

Au bout de l’allée, ils s’approchaient de la grotte qui abritait, dans ses deux compartiments grillés, les colombes et les corbeaux.

Les corbeaux étaient bêtes fort vénérables, car ils provenaient d’une lignée rapportée du mont cassin où l’on en élevait des couples, en l’honneur du patriarche ; et les colombes possédaient, elles, le privilège, le jour de la sainte Scholastique, d’être lâchées, à la fin du repas, dans le réfectoire où elles picoraient près des moines, sur les tables, les miettes.

Ces volatiles, qui ne voyaient plus devant eux qu’un chemin silencieux et désert, paraissaient ahuris. Les corbeaux se renfrognaient, les uns contre les autres, sans bouger ; mais les colombes reconnaissant le petit frère qui les gâtait d’habitude, se précipitaient sur la grille, au-devant de lui ; et il ouvrait la cage, les prenait, une à une, leur donnait à manger des grains, les embrassait, les assurait qu’il ne les oublierait pas et il les remettait dans leur logette presque en pleurant.

Ah ! disait-il, si je ne devais pas voyager avec le père Beaudequin qui a l’horreur des animaux, je les aurais