Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/447

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bien amenées avec moi et je suis certain que le révérendissime ne m’aurait pas trop grondé ; heureusement que Dom Paton ne les laissera pas jeûner.

D’autres fois, lorsque ce père ne retournait pas à sa vigne, après l’office, tous deux demeuraient avec lui et l’aidaient à nettoyer un peu le fouillis des salles ; le plancher était encombré de copeaux, de papiers, de paille, et ils balayaient le tout et l’on en chargeait une brouette que l’on vidait dans le trou au fumier, au fond du clos.

Quand les cellules et les couloirs furent un peu rappropriés, le moine les conduisit dans le grenier ; il avait formé le dessein de le ranger, mais le courage leur manqua pour monter à l’assaut des barricades d’objets hétéroclites qui l’emplissaient.

Les déchets accumulés, depuis des années, d’un couvent étaient là. Le cellerier avait la manie de ne rien jeter et il déposait dans ce capharnaüm tous les engins hors d’usage, tous les ustensiles brisés. Il y avait des literies malades et des arrosoirs qui avaient perdu leurs pommes et qui fuyaient par le bas, des bidons de pétrole crevés et des lampes mortes ; il y avait des tables sans pieds, des tabourets cassés, des marmites infidèles ; il y avait même des statues décapitées de saints, le tout enchevêtré, pêle-mêle, sous une couche de poussière traversée par des caravanes de rats.

Dom Paton tira du tas une chaise par la patte qui lui restait et ce fut un écroulement d’on ne sait quoi. L’on entendit des bruits de ferrailles et de vitres qu’on brise et ils furent couverts et aveuglés par un nuage de poudre. Ils s’en tinrent là. Il faudrait une escouade de