Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/457

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l’inconvenance de la proposition, vous mettre une toute petite minute à ma place, et avouez mon cher Jésus, que je ne divague pas, en vous attestant que je ne sais plus à quoi m’en tenir.

Ai-je obéi à votre volonté ou ne lui ai-je pas obéi ? Je vous connus grand veneur d’âmes, les chassant et les rabattant ainsi que la mienne, dans une trappe. Ah là, il n’y avait point d’erreur ; en me réfugiant dans un ascétère, j’étais certain de vous contenter ; les indications étaient nettes et les réponses précises. Aujourd’hui, vous ne me forlancez plus ; je n’entends plus le frisson de vos ordres et je suis réduit à me conduire, de moi-même, selon les données de la raison humaine. Et ce que je m’en fiche de celle-là ! Ce que je ne l’écoute, que faute de mieux !

Songez aussi que je ne suis pas seul, que j’ai à remorquer la mère Bavoil et que nous ne savons, ni l’un ni l’autre, où nous allons ; c’est la parabole des aveugles ; le fossé est peut-être proche.

Dans quelques jours, si les choses vous agréent de la sorte, nous serons réinstallés dans ce Paris que nous pensions bien ne plus réhabiter. Qu’est-ce qui va nous arriver là ? Les sièges y seront-ils plus solides qu’au Val des Saints, ou ne sera-ce encore qu’une étape ?

C’est égal, reprit-il, après un silence de pensée, quel désastre de tranquillité, d’argent, de piété liturgique, d’amitiés, de tout, que ce départ ! Je geins et ce n’est cependant pas moi qui suis le plus à plaindre. Songeons aux autres, à ceux qui restent, à la pauvre Mlle de Garambois, isolée, sans offices ; à M. Lampre qui se débat dans des affaires de chicane pour sauver ses moines ; à