Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/58

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Existe-t-il, en art, quelque chose de moins musical et de plus incohérent que ce gloria in excelsis soi-disant de luxe, un gloria de cave et de grenier, le chemin de fer russe des voix, avec ses montées et ses descentes ! Ajoutons que le credo dansant des grands jours est fort inférieur au credo ordinaire. Il n’y a vraiment dans cet office que la deuxième phrase du graduel et que l’alleluia qui soient bien.

Quelle différence avec ces messes frugales, si franches, avec ce plain-chant vraiment céleste que l’on chante aux pauvres fêtes ! Au reste, plus je l’écoute, et plus je suis convaincu que la musique grégorienne n’est pas du tout un article d’apparat. Les Kyrie Eleison, si implorants, si gémissants, si doux, des jours habituels, deviennent tarabiscotés dès qu’à l’occasion d’une plus importante festivité, on les veut vêtir ; on dirait alors que l’on a adapté à de pures mélodies gothiques, des ornements coulés dans du staff, des neumes de plâtre !

N’est-il pas exact, en effet, que les messes solennelles sont fort inférieures, musicalement parlant, aux messes familières des petits saints ; rappelez-vous aussi, certains samedis chômés d’élus, où l’on célèbre la messe simple de la sainte Vierge. Le Kyrie 7*, suppliant, court, sonnant un peu tel qu’un glas, et le Gloria d’une ampleur dans l’allégresse si tranquille, d’une certitude si délibérée dans la louange, l’Agnus Dei, évoquant l’idée d’une prière d’enfant, avec sa mélodie ingénue qui quémande au seigneur, en câlinant ; tout cela est admirable de sobriété et de candeur, bien au-dessus de ces airs compliqués, de ces cantilènes que l’on a déformées pour les étendre et qu’il nous faut subir sous prétexte de rite