Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/86

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— Vingt-quatre plantes, continua-t-elle, en comptant sur ses doigts ; — et elle rit : le chasse-puce et la menthe de chat, qu’est-ce que ces plantes ? où les trouverez-vous ?

— Le père Miné m’a déclaré que le chasse-puce n’était autre que le plantain et la menthe de chat le népéta ; il ne sera donc pas difficile de se les procurer ; qu’est-ce qui vous fait rire ?

— Mais je ris parce que ce jardin sera terriblement laid. Si vous exceptez la sauge tricolore que vous avez achetée et qui est très jolie avec ses feuilles roses, blanches et vertes, le pavot, l’iris, la rose, le lys ; le reste de vos herbes est misérable ; ce sont des gueuses de champ ; elles seront étranglées d’ailleurs par le melon et surtout par le cornichon qui les enlacera et les étouffera avec ses tiges qui rampent et ses vrilles.

— Eh bien, raison de plus ; il faut élargir le terrain pour mettre ces malheureuses fleurs à l’abri des attaques du cornichon.

— Pour votre courtille liturgique, reprit Mme Bavoil qui ne répondit pas à cette remarque, il y a besoin de moins de place encore, attendu que lorsqu’une plante poussera, l’autre dépérira, puisque ces plantes ne vivent pas dans les mêmes saisons ; jamais vous n’aurez vos rangs au complet. Pourquoi dès lors perdre une étendue qu’ils ne parviendront jamais à remplir ?

Durtal ne répondit pas, à son tour, à cette observation, car ce qu’il n’avouait pas à Mme Bavoil, c’est qu’un essai de ce genre il l’avait, l’année d’avant, tenté ; et les résultats s’étaient révélés lamentables. Il s’entêtait cependant dans son idée, se disant : je reprendrai ce projet