Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/97

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et s’affichait même plus gourmande qu’elle n’était, en réalité, pour la taquiner.

— Enfin, reprit-elle, vous avez bien saisi les nuances de ma recette ; je la résume ; griller les tartines, les mouiller de bouillon et de vin, les enduire de beurre et de moutarde, les remettre sur le gril, les tremper d’eau-de-vie et les allumer ainsi qu’un punch ; c’est compris ?

— Si vous vous imaginez que nous allons nous infliger un aria pareil ! Notre ami les mangera, tout simplement, rôties avec du beurre.

— Ce ne sera pas mauvais quand même ; — autre chose ; vous étiez à la grand’messe, ce matin, croyez-vous que notre père Abbé a bien officié !

— Oui, dit Durtal, avec sa haute taille, son teint diaphane, ses longues mains maigres, il semble détaché d’un vitrail.

— Je présume, reprit Mme Bavoil, que ces pierreries qui mettent tant de flammes sur sa mitre sont fausses.

— Détrompez-vous, elles sont vraies ; un moine aujourd’hui mort, qui était entré en religion après le décès de sa femme, a offert tous les bijoux qu’elle possédait, — et ils étaient nombreux, — pour fabriquer cette mitre. Cela vous explique qu’elle soit incrustée de diamants, d’aigues-marines, de saphirs, de pierres de première valeur, de gemmes de premier choix.

— Ah !

— Par contre, les deux autres mitres-car les Abbés de monastères de même que les évêques en ont, pour les cas prévus par la rubrique, trois — les deux autres, payées sur les deniers de l’abbaye qui n’est pas riche,