Page:Huysmans - Prières et pensées chrétiennes (1910).djvu/15

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Ce roman, qui déconcerta la critique, nous apparaît, lorsque nous ne prenons pas garde aux dispositions dans lesquelles il fut écrit, comme une œuvre extravagante et folle. Tout le baudelairisme de Huysmans s’y donne libre carrière.

Mais des Esseintes avait beau multiplier les expériences fantastiques ; il avait beau presser sur la Vie pour lui faire rendre une somme de sensations qu’elle n’est pas capable de procurer, il s’acheminait, malgré lui, vers des conclusions qu’il ne soupçonnait pas.

Et d’abord, dans son désir de fuir une époque inélégante, un art mercantile et une littérature de cuistres et de charlatans, il remontait jusqu’aux temps où l’Église accomplissait sa grande tâche civilisatrice, jusqu’au moyen âge où « Elle tenait tout, où l’art n’existait qu’en Elle et que par Elle ». Il admirait, mais en dilettante, puisqu’il n’avait pas la Foi, les écrivains mystiques, les poètes sacrés, la peinture des primitifs et le plain-chant. Snobisme de névrosé tant qu’on voudra ! mais indice certain d’un travail intellectuel qui le libérait des lourdes tâches du naturalisme et le prédisposait à étudier de plus près ces auteurs et ces artistes dont les œuvres avaient jeté, sur le monde, une lumière si vive et si bienfaisante.

D’ailleurs, aucune inquiétude religieuse dans cette rapsodie de détraqué, aucune velléité de demander à l’Église, qu’il découvrait presque,