Page:Irving - Le Livre d’esquisses, traduction Lefebvre, 1862.djvu/389

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L’ENVOI


Dieu te donne, mon livre, heureuse traversée,
Et que par toi surtout soit prière adressée
À quiconque voudra te lire ou t’écouter,
Qu’il daigne en tes erreurs son aide te prêter,
Dusses-tu voir par lui chaque ligne effacée.

Chaucer, Belle Dame sans merci.


L’auteur croirait commettre une mauvaise action si, en terminant ce second volume du Livre d’esquisses[1], il ne disait combien il a été touché de l’indulgence avec laquelle a été accueilli le premier, et de la généreuse disposition que l’on a marquée à le traiter avec bonté, comme étranger. Il n’est pas jusqu’aux critiques, quoi qu’il en puisse être pensé par d’autres, qu’il n’ait trouvés race singulièrement bienveillante et sympathique ; il est vrai que chacun d’eux s’est tour à tour fait l’adversaire d’un ou deux articles, et que ces proscriptions isolées, prises en bloc, équivaudraient presque à une condamnation totale de son œuvre ; mais, il s’en est consolé en faisant cette remarque, que ce que l’un a particulièrement censuré, un autre l’a aussi particulièrement loué : pour quoi, mettant les éloges en regard des blâmes, il trouve qu’en somme son ouvrage a été vanté bien au delà de ses mérites.

Il sait bien qu’il court le risque de s’aliéner une grande partie de cette gracieuse faveur en ne suivant pas les conseils dont on l’a généreusement gratifié ; car où des avis précieux sont donnés abondamment et gratis, il peut sembler que c’est bien de la faute d’un homme s’il s’égare. Il dira seulement, pour sa justification, qu’il fut sincèrement résolu pendant quelque temps à se diriger pour son second volume d’après les opinions qui s’étaient produites à l’occasion du premier ; mais il fut bientôt amené à s’arrêter, par

  1. Il fut dans l’origine publié en deux volumes.