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Scène Deuxième


La nuit, folle de lilas, règne sur les prairies indécises. La lune noie dans ses eaux de lumière trembleuse les labours épaissis. Elle accuse la silhouette violette des coteaux dont les lignes d’ombre se mêlent à l’ombré d’une seule ligne qui bondit. On entend une flûte confuse parmi des bêlements de brebis. Le troupeau soupire comme Dieu. Des flaques luisent. Les étoiles tremblent comme des rosées de feu.


LE POÈTE

Ô ma petite vieille, nous faudra-t-il encore
marcher longtemps ?

LA PETITE VIEILLE

marcher longtemps ? Il n’est que minuit. À l’aurore
nous apercevrons la lisière du bois touffu.