Page:Jammes - Le Deuil des primevères, 1920.djvu/144

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Un millet blanc, choisi par mille vierges nues,
parfumé par leurs seins et leurs jeunes haleines
eût été le repas qui t’eût été bien dû.
À mon Conseil royal, je t’eusse convié
sous des fleurs de pêcher qui t’auraient protégé
du soleil trop ardent de ces Contrées lointaines.

L’OISEAU

Laisse-moi ma montagne. Elle n’est pas la Perse,
et je n’ai pas besoin de vierges nues persanes
pour cueillir mon millet.
Mes panetiers, ce sont les jolis petits ânes
qui, du bout du sabot, en buttant sur les pierres,
découvrent les petits vers.

Et s’il faut dire tout, je te trouve un peu bête,
comme le sont, d’ailleurs, presque tous les poètes
qui sont les inventeurs de ce qu’on a trouvé.
Ils parlent du parfum bleuâtre des lavandes
sans songer qu’un lapin, la queue en l’air, le mange,
et le connaît bien mieux que s’il nous en parlait.