Page:Jammes - Le Deuil des primevères, 1920.djvu/80

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Ah ! Si l’âme de mes roses blanches de juin
souffle à tes lèvres de rose-Bengale :
lave ton corps, ô trembleuse, mets tes sandales
et viens.

Quitte le monde amer et viens dans la cellule
de mes recueillements,
d’où l’on entend courir l’eau vive sous les menthes
que le soleil blanc consume.

Pour toi, j’ai préparé la fraîcheur verte de mes rêves
où dorment des brebis.
Pour toi, j’ai un collier de cailloux blancs des grèves
lavés à l’eau des puits.

Si tu arrives lasse, je m’agenouillerai
et délierai tes sandales.
Tu n’auras qu’à laisser tomber sur mon épaule
ta tête, et je te porterai.