Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/315

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

LA PAIX

« La Dépêche » du samedi 12 février 1887

La sérénité semble revenir dans les esprits. À vrai dire, la France n’a jamais cru à la guerre ; mais, il y a quelques jours, la chute simultanée de tous les fonds en Europe, les excitations d’une certaine presse allemande, les perfidies de la presse anglaise, les paroles énigmatiques de l’empereur Guillaume, l’obscurité dont s’enveloppait M. de Bismarck, qui laissait dire, l’appel des réserves allemandes, tout cela avait ébranlé, non les cœurs, mais les esprits. Aujourd’hui, la France reste, comme elle doit rester, éveillée, attentive, prête à se lever jusqu’au dernier homme pour la défense du sol, mais elle a une confiance presque entière dans le maintien de la paix. Ce n’est pas seulement parce que le succès plus probable de M. de Bismarck aux élections prochaines semble le dispenser de toute aventure, que la presse russe élève la voix et déclare impossible à la Russie de tolérer l’écrasement de la France, et que la presse européenne, même de l’autre côté de la Manche, est contrainte d’avouer notre fermeté pacifique. Ce n’est pas