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FRANCE ET RUSSIE

« La Dépêche » du jeudi 6 août 1891

On savait bien, depuis quelques années, qu’il y avait entre la France et la Russie sympathie de race, et même que la diplomatie française et la diplomatie russe marchaient habituellement d’accord. Mais il subsistait dans nos relations avec la Russie quelque chose d’équivoque, et même d’irritant pour nous. Il semblait que la France faisait toutes les avances, et que la Russie n’y répondait qu’à moitié, avec une sorte de réserve hautaine. Peut-être la monarchie du tsar craignait-elle d’entrer ouvertement en amitié avec la République française. Cette situation n’était pas digne de la France, car, quelles qu’aient été ses infortunes, elle ne peut, elle ne doit entrer dans un système d’alliances qu’avec une égalité absolue et sans rien désavouer d’elle-même. Dans un pays libre, le gouvernement du pays, c’est le pays lui-même : en France, la République, c’est encore la France, et aucune monarchie ne peut être l’alliée de la France, si elle ne fait en même temps accueil cordial à la République.

Le tsar de Russie l’a compris : il a vu que la Répu-