Page:Jaurès - Histoire socialiste, IX.djvu/312

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que ce tribut annuel payé par les travailleurs. » En attendant qu’on puisse créer « le Code de la sûreté et de la salubrité du travail », il dépose un mémoire sur les restrictions qu’il convient d’apporter à chaque spécialité industrielle. Il n’avait point parlé d’amende pour les patrons, ni d’indemnité pour les ouvriers. Flocon fît allusion à l’indemnité comme à une chose qui allait de soi ; mais sa proposition, renvoyée au Comité du Commerce et de l’Industrie, n’en revint pas. On trouve seulement, à la date du 15 Décembre 1848, une circulaire du ministre des Travaux Publics ordonnant aux entrepreneurs qui travaillent pour l’État, d’organiser des ambulances, d’instituer pour les blessés et les malades des secours qui doivent être fournis, en partie par les caisses publiques, en partie par une retenue de 2 0/0 sur le prix de la main d’œuvre. La même circulaire détermine l’épaisseur que doivent avoir les chaudières. Mais ces prescriptions ne s’appliquent encore qu’aux travaux publics ; l’industrie privée leur échappe.

Et il faut en dire autant pour une question d’hygiène qui n’est pas encore tranchée. On sait déjà que l’emploi du blanc de céruse dans la peinture est dangereux pour les ouvriers. On s’efforce déjà de le remplacer par le blanc de zinc. Plusieurs circulaires ministérielles, de 1848 à 1852, ordonnent l’emploi exclusif de la matière inoffensive, mais plus chère, dans les travaux faits pour le compte de l’État, des départements et des communes. Ainsi l’État-patron se fait patron-modèle pour les particuliers ; il est un précurseur dans les essais timides qui ont pour but de protéger contre l’incurie des intérêts privés cette chose infiniment précieuse, la vie humaine[1].


Bureaux de placement et Bourses du travail. — Les préoccupations se portèrent encore sur un sujet qui a pour les ouvriers une grande importance : La recherche du travail.

Pour le placement des sans-travail le Gouvernement provisoire avait ordonné l’ouverture dans toute mairie d’un registre où seraient inscrites gratuitement, en regard les unes des autres, les demandes et les offres d’emploi. Mais le décret ne fut appliqué que par accès et les bureaux de placement un instant dépossédés, recommencèrent bientôt à frapper les chômeurs d’un impôt d’autant plus pénible qu’il les atteignait au moment où ils se trouvaient sans ouvrage et souvent sans argent. Les Sociétés ouvrières les dénoncent à chaque instant comme des coupe-gorge. Il ne faut donc pas s’étonner s’il y eut à la Législative trois propositions pour supprimer ou alléger la redevance payée de la sorte par le salaire en formation. Deux des projets visaient à instituer des bureaux de renseignements qui ne coûteraient rien ; mais ils ne furent pas discutés ; un troisième proposa la création d’une Bourse des travailleurs. L’institution, dont on retrouverait le germe à

  1. C’est au nom du même principe qu’est de nouveau réglementée (8 juillet 1850) la vente des substances vénéneuses.