Page:Jaurès - Histoire socialiste, XI.djvu/422

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bien, au moment, l’opinion de tous les membres de la Commune et de tous les combattants parisiens.

Chassés de la rue, les conciliateurs se réfugièrent dans les ligues.

Parmi ces ligues, deux jouèrent un rôle particulièrement important  : l’Union Nationale des Chambres Syndicales et l’Union Républicaine des Droits de Paris.

L’Union Nationale groupa jusque cinquante-six Chambres syndicales et enregistra l’adhésion de plus de sept mille industriels et commerçants. Elle avait délégué ses pouvoirs à une Commission permanente composée de négociants notables : Loiseau-Pinson, président de la Chambre des Teinturiers ; Baraguet, président de la Chambre des Compositeurs-Typographes ; Josy, président de la Chambre des Ouvriers Serruriers en Bâtiment ; Levallois, vice-président de la Chambre des Tissus de laine : Lhuillier, président de la Chambre de la Passementerie ; mais elle fut surtout dirigée par deux publicistes Ch. Limousin et Jules Amigues. Celui-ci devait finir quelques années plus tard dans le bonapartisme, mais il semble à ce moment avoir agi avec une conviction droite.

L’Union Nationale fit connaître ses vues par un manifeste où elle affirmait que les résistances respectives tant de la part de l’Assemblée Nationale que de la Commune procédaient surtout de malentendus qu’une intervention claire et bien intentionnée pouvait aisément dissiper. Dans cet espoir, l’Union se déclarait prête à entrer en pourparlers avec l’Assemblée et la Commune pour leur proposer les termes d’un accord pacifique comportant « la constitution de la République en dehors de laquelle il ne saurait y avoir qu’une succession inévitable de troubles et de périls », et l’organisation « des franchises municipales de la Ville de Paris sur les bases les plus démocratiques, mais distinctes des pouvoirs politiques chargés des intérêts généraux de la France ».

Plus exclusivement politique était la Ligue d’union républicaine des Droits de Paris qui, le 6 avril, après la réunion avortée de la Bourse, avait publié son premier manifeste. Aux signatures figuraient, en effet, les noms de trois députés de Paris à l’Assemblée nationale : Clemenceau, Floquet et Lockroy, qui venaient de donner leur démission. À côté, celles de Bonvalet, ex-maire du IIIe, de Corbon, ex-maire du XVe, de Moltu, ex-maire du XIe, d’Allain-Targé, G. Lechevallier, préfets de la Défense nationale, de Laurent-Pichat, Isambert, Stupuy, Jobbé-Duval. Tout le radicalisme de la veille et celui du lendemain, comme on le voit. Il n’est pas inutile de reproduire le document lui-même puisqu’il engageait un parti d’avenir et dont plusieurs des adhérents devaient jouer, dans la suite un rôle considérable. Le voici :

« La guerre civile n’a pu être évitée ;

« L’obstination de l’Assemblée de Versailles à ne pas reconnaître les droits légitimes de Paris a amené fatalement l’effusion du sang ;

« Il faut maintenant aviser à ce que la lutte qui jette la consternation dans