Page:Jean Charles Houzeau - La terreur blanche au Texas et mon évasion, 1862.djvu/16

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se peut, dans ma position de spectateur désintéressé. Mais l’acharnement est terrible. Il y a des heures où la possession d’elle-même semble déserter l’âme humaine…

« J’ai dit toute mon opinion — consciencieusement formée — lorsque j’ai soutenu, il y a un an, que l’esclavage, comme servitude matérielle, est plus doux que la plupart des servitudes d’Europe (service militaire, travail des ateliers, etc.). Mais aujourd’hui, je suis forcé de condamner les planteurs… »

Cette lettre et la correspondance qu’elle accompagnait, arrivées à Bruxelles le 10 juin 1861, furent les dernières. Pendant huit mois on resta sans nouvelles.

Tout était à craindre de ce déchaînement de la barbarie : l’alarme fut longue et doublement douloureuse ; car on sentait qu’une telle perte ne serait pas cruelle seulement pour une famille et pour de nombreux amis, mais que la patrie aurait à regretter un citoyen qui pouvait la servir et l’illustrer.

Enfin, le 23 février 1862, une note « astronomique, » adressée par voie diplomatique à un membre de l’Académie de Belgique, pour être présentée à cette Académie, parvint à Bruxelles. M. Houzeau avait réussi à donner signe de vie !

Jusque-là il avait échappé aux dangers. Mais les