Page:Jean Charles Houzeau - La terreur blanche au Texas et mon évasion, 1862.djvu/25

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exclusivement dominée par cette passion, n’a pas d’éléments solides de durée. Ce triomphe éphémère de la soif de l’or n’en est pas moins une tache dans l’histoire et une honte pour l’humanité.

Sans doute il y a, parmi les planteurs, des exceptions. Les familles anciennement établies, et dans lesquelles les esclaves ont été transmis de père en fils, ont conservé presque toutes le vieux régime patriarcal. Elles ont vu avec appréhension la tentative d’abaisser les noirs et d’asservir les blancs pauvres; elles regrettent l’interdiction récente imposée au maître de libérer à l’avenir aucun esclave ; la scission des États du Sud n’a jamais eu leur approbation que du bout des lèvres. Mais, pour une plantation ancienne, pour une grande ferme de cent ou deux cents esclaves, il y a cinquante petites fermes de dix ou de vingt. Là, commandent des maîtres nouveaux, parvenus, enivrés des richesses et du pouvoir qu’ils trouvent dans la possession de l’homme par l’homme.

Des faits feront mieux connaître les développements inhumains de ce despotisme. Trasimon Landry, planteur d’origine française, se flattait que la traite serait rouverte prochainement. « Peu m’importe, disait-il, qu’un nègre ne dure que trois années; dans cet intervalle son travail m’a payé son prix.» En conséquence, ce maître barbare exigeait de ses noirs seize heures de travail forcé. Il sonnait la cloche à trois heures du matin; il fouettait le surveillant, quand le surveillant ne fouettait pas suffisamment les noirs. Ceux-ci recevaient leurs repas aux champs, à pied d’œuvre; il leur était à peine permis de se reposer. Le maître contrai-