Page:Jean Charles Houzeau - La terreur blanche au Texas et mon évasion, 1862.djvu/64

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où l’armée toute entière est composée de volontaires en temps de paix, c’est la milice qui est la seule et la véritable levée par conscription, et par conséquent la véritable armée régulière.

Ne pouvant espérer aucune protection du consulat de Belgique, il ne me restait plus qu’à compter sur moi-même. Je n’ignorais pas que l’on menaçait les réfractaires, tantôt de les envoyer au bagne[1], tantôt de les faire travailler dans les mines. Toutefois, je me reposais sur la résistance des populations. Dans ce pays, qui l’année dernière prenait pour devise free speech, free press and free men[2], on voyait les langues muettes, la presse servile ou muselée, les hommes sous le joug. Mais le résultat n’était qu’extérieur. Je me rappelais l’Italie, rongeant son frein sous le fouet de l’Autriche, les associations secrètes s’organisaient de toutes parts, avec cet élan et cette confiance qui n’appartiennent qu’aux peuples violemment opprimés. On se comprenait à demi-mot, on se préparait en silence. On défiait les sbires ; les espions étaient trahis par leurs camarades. Le sol semblait prêt à manquer sous les pas des planteurs.

Au Texas, une opposition puissante, une force d’inertie à peu près invincible, vinrent arrêter ou du moins retarder les projets militaires du gouvernement. Nous jurâmes que nous resterions dans nos foyers, possesseurs de nos armes, et que si nous devions prendre

  1. En revanche, le gouverneur avait libéré (fin septembre) tous les hôtes du pénitentiaire qui avaient consenti à signer des engagements.
  2. Parole libre, presse libre, hommes libres.