Page:Jean Paul - Pensées, 1829.djvu/170

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Si les ruines d’un temple nous inspirent un enthousiasme mélancolique, pourquoi celles d’une grande ame ne nous feraient-elles pas éprouver une émotion plus vive encore ? Il y a des hommes qui renferment en eux des ruines colossales comme la terre elle-même. Au fond de leurs cozurs déja glacés gisent épar- ses les images pétrifiées d’un temps plus heureux ; ils ressemblent à ces rochers du Nord sur lesquels on aperçoit l’empreite des fleurs des Indes.


Nous devrions avec plus de raison nommer l’éclipse de soleil une éclipse de terre. C’est ainsi que l’homme s’éclipse, et jamais l’infini. Mais nous ressemblons au peuple qui regarde une éclipse de lune dans l’eau : si celle-ci est agitée, il s’écrie : Voyez comme le soleil se bat avec la lune !


Les peuples et les individus sont d’autant meilleurs qu’ils sont plus gais, et méritent le