Page:Jean Paul - Pensées, 1829.djvu/189

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Le monde est dans les ténèbres, mais l’homme est plus élevé que son séjour ; il porte ses regards plus haut, et il déploie les ailes de son ame, Lorsque les soixante minutes que nous appelons soixante ans ont sonné, il prend son essor et s’enflamme dans l’espace ; les cendres de son enveloppe retombent sur la terre, et son ame, délivrée de sa prison fragile, s’élève seule, pure comme un son, vers les régions éthérées,… Mais ici-bas, du sein de cette vie obscure, il découvre les sommités du monde qui l’attend, éclairées par les rayons d’un soleil qui ne se lève point sur ce monde : ainsi l’habitant des régions australes, dans les longues nuits que le soleil n’interrompt point, voit cependant à midi une aurore boréale rougir les cimes des plus hautes montagnes, et il songe au long été où le soleil ne le délaissera plus.


Il existe un état de sainteté où les souffrances peuvent seules nous conduire en nous