Page:Jean Paul - Pensées, 1829.djvu/50

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un sophiste. En Angleterre, où l’on tolère encore les systèmes le verre à la main, un homme : peut s’étendre comme une feuille de papier royal. En France, où l’esprit éclate en mille saillies, on doit être aussi laconique qu’un billet de visite. Le sage se tait cent fois devant les sots, parce qu’il a besoin de vingt-trois feuilles pour dire son opinion : les sots n’ont besoin que de quelques lignes ; leurs opinions ressemblent à des iles flottantes, et ne tiennent à rien, si ce n’est à leur vanité.


Comme les files bigarrées de Flore, les grands de la terre exposent leurs amours à tous les regards ; ils se marient comme les fleurs, sans se connaitre et sans s’aimer. Ils ne soignent guère davantage leurs enfants, seulement ils couvent leur postérité avec une chaleur artificielle, comme les poêles d’Égypte qui font éclore les poulets. Leur affection est semblable à ces plantes bizarres que la gelée