Page:Jean Paul - Sur l’éducation, 1886, trad. Favre.djvu/12

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Nous n’avons pas l’intention de commenter le discours humoristique par lequel l’auteur semble démontrer l’inefficacité de l’éducation ; mais nous sommes frappée des vérités que ses ingénieux paradoxes mettent en évidence. La première de ces vérités, c’est que nous parlons beaucoup trop dans l’éducation ; la seconde, que notre enseignement manque de vie et ne produit pas la conviction qu’entraîne l’action. Nous avons la prétention de croire que notre expérience peut instruire nos élèves, et nous oublions que la vie seule nous a enseigné cotte sagesse que nous voudrions inculquer aux autres. Aussi sommes-nous tout déconcertés quand l’enfant, poussé par le besoin d’activité, cherche à s’échapper du cercle étroit où nous essayons de l’enfermer et que, dans la joie de vivre de la vie qui lui est propre, il ne tient compte de nos préceptes que si la vie les lui enseigne à son tour. Ce n’est pas seulement dans l’éducation morale que nous cherchons à substituer notre vie à celle de nos élèves, dans l’éducation intellectuelle aussi, nous nous arrogeons le droit de penser pour eux et, de peur qu’ils ne s’égarent, nous leur refusons toutes les satisfactions de la découverte. Nous les abreuvons de notre science plus ou moins livresque, que leur mémoire garde comme un bien étranger dont ils ne peuvent pas disposer.

La manie de parler, d’imposer aux autres le résultat de nos expériences, sous prétexte de leur épargner de longs et pénibles tâtonnements, se retrouve