Page:Jean Paul - Sur l’éducation, 1886, trad. Favre.djvu/20

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l’enfant dans le monde nouveau de la religion ; et il montre la différence qui existe entre cette connaissance et celles d’un ordre inférieur qui, toutes, s’acquièrent par degrés. L’illumination religieuse parait soudaine. L’auteur semble croire à une sorte d’innéité des idées métaphysiques ; car nous ne pouvons pas les faire comprendre par des signes sensibles, mais la parole les réveille. Nous ne croyons pas que cette révélation se fasse tout d’un coup chez l’enfant ; il nous semble qu’elle est graduelle et qu’elle correspond jusqu’à un certain point au degré de culture de la raison et de la conscience. Le réveil de l’idée de l’infini, de Dieu, de l’éternité, de la sainteté, peut être soudain, et il se manifeste souvent chez l’enfant par des réflexions d’une merveilleuse profondeur, que nulle éducation particulière n’a pu provoquer ; mais pour que l’idée acquière la force d’un sentiment capable d’influer sur la vie morale, il faut qu’elle soit cultivée avec soin par une âme qui entretient en elle-même le feu sacré et le transmet avec une parfaite humilité et un ardent amour. On est heureux de voir quel prix un éminent penseur attache à l’éducation religieuse. Il ne partage pas l’opinion de Rousseau, qui réserve la religion pour l’âge mur ; comme si l’enfant n’était pas plus près des choses divines que l’homme fait, en qui les mille influences de la vie ont obscurci les idées innées. « C’est surtout à l’âge de l’innocence, dit-il, que les choses saintes s’enracinent. » Nous admirons sans