Page:Jean Paul - Sur l’éducation, 1886, trad. Favre.djvu/22

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dans la jeunesse des peuples et celle des individus, et l’amour à tels autres, à l’âge mûr, après que l’exubérance de la vie s’est dépensée et que les sentiments affectueux ont trouvé leur objet. Mais la perfection, c’est l’harmonie de la force et de la beauté ; et nous aimons mieux croire avec Pascal que, dans l’âme plus parfaite, « une agilité plus grande porte instantanément d’un extrême à l’autre ».

Quand on se demande s’il faut commencer par la culture de la force ou par celle de l’amour, on se convainc d’autant mieux qu’il n’y a pas en réalité deux antithèses et qu’il est impossible de diviser l’unité de l’âme. Il ne serait pas absolument vrai de dire que, dans l’enfance et la jeunesse, la force domine : il y a des natures énergiques qui semblent rebelles à des influences plus douces, d’autres en qui une certaine pudeur du sentiment le dérobe soigneusement à l’observation. Il y a aussi des natures sensibles et tendres qui semblent entièrement guidées par le sentiment. La même hygiène morale ne saurait donc convenir aux unes et aux autres : nous croyons qu’il est plus facile de contenir la force, quand elle est excessive, que de la communiquer quand elle manque. Et Jean-Paul se plaint de nos systèmes d’éducation qui tendent pour la plupart à affaiblir la force. Beaucoup d’éducateurs s’imaginent rendre un grand service à ceux dont ils s’efforcent de briser la volonté. Nous ne pensons pas qu’ils puissent effectuer ce résultat chez les fortes natures ; tout ce