Page:Jean Paul - Sur l’éducation, 1886, trad. Favre.djvu/41

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mère permet rarement de se consacrer à une profession. N’est-ce, pas diminuer le rôle de la femme que de dire « qu’elle n’est qu’indirectement épouse » ? N’est-ce pas, abaisser on même temps l’homme, et tomber dans l’erreur de la plupart des législateurs anciens qui ne regardaient le mariage que comme un moyen de perpétuer l’humanité ? le mariage, « l’union de deux vies », comme l’appelaient les Romains, n’est-il pas à lui-même sa fin ? L’homme craint-il de se diminuer en s’appuyant sur la femme, dont la tendresse clairvoyante, dévouée, fidèle, est tour à tour celle de la mère, de la fille et de l’amie ? Il multiplie sa force par son union parfaite avec cet aide « que Dieu a fait semblable à l’homme », et qui l’inspire, le soutient, le console. Plus l’homme est parfait, plus il respecte la femme et rend hommage à son influence.

Jean-Paul, après avoir dit que la nature a destiné la femme à être mère, rappelle « qu’avant d’être mère, et après l’être devenue, elle est un être humain, et que la destinée maternelle ne doit pas prédominer sur la destinée humaine, ni la remplacer, qu’elle doit en être le moyen, non la fin ». Mais, tout en reconnaissant que la femme est un être humain, il l’abaisse en prétendant que « sa moralité est la coutume non le principe ». S’il en était ainsi, elle n’aurait qu’une individualité incomplète, et sa conscience morale serait inférieure ; ses mœurs seraient moins les siennes que celles de son milieu, elles changeraient