Page:Jean de Léry - Voyage au Brésil - Gaffarel vol 2, 1880.djvu/130

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CHAPITRE XIX


Comment les sauvages se traittent en leurs maladies, ensemble de leurs sepultures et funerailles, et des grands pleurs qu’ils font apres leurs morts.


Pour mettre fin à parler de nos sauvages de l’Amerique, il faut savoir comment ils se gouvernent en leurs maladies, et à la fin de leurs jours : c’est dire, quand ils sont prochains de leur mort naturelle. S’il advient donc qu’aucuns d’eux tombe malade, apres qu’il aura monstré et fait entendre où il sent son mal, soit au bras, jambes ou autres parties du corps : cest endroit là sera sussé avec la bouche par l’un de ses amis : et quelques fois par une maniere d’abuseurs qu’ils ont entr’eux nommez Pagés, qui est à dire barbier ou medecin (autre que les Caraibes dont j’ay parlé, traitant de leur religion), lesquels non seulement leur font accroire qu’ils leur arrachent la douleur, mais aussi qu’ils leur prolongent la vie. Cependant outre les fievres et maladies communes de nos Ameriquains, à quoy, comme j’ay touché cy devant, à cause de leur pays bien temperé, ils ne sont pas si sujets que nous sommes par deçà, ils ont une maladie incurable qu’ils nomment Pians : laquelle combien qu’ordinairement elle se prenne et provienne de paillardise, j’ay