Page:Jean de Léry - Voyage au Brésil - Gaffarel vol 2, 1880.djvu/73

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CHAPITRE XVI


Ce qu’on peut appeler religion entre les sauvages Ameriquains : des erreurs, où certains abuseurs qu’ils ont entr’eux, nommez Caraibes les detiennent : et de la grande ignorance de Dieu où ils sont plongez.


Combien que ceste sentence de Ciceron, assavoir qu’il n’y a peuple si brutal, ny nation si barbare et sauvage, qui n’ait sentiment qu’il y a quelque Divinité, soit receuë et tenuë d’un chacun pour une maxime indubitable : tant y a neantmoins que quand je considere de pres nos Toüoupinambaoults de l’Amerique, je me trouve aucunement empesché touchant l’application d’icelle en leur endroit. Car en premier lieu, outre qu’ils n’ont nulle cognoissance du seul et vray Dieu, encores en sont-ils là, que, nonobstant la coustume de tous les anciens payens, lesquels ont eu la pluralité des dieux : et ce que font encores les idolatres d’aujourd’huy, mesmes les Indiens du Peru terre continente à la leur environ cinq cens lieuës au deçà (lesquels sacrifient au Soleil et à la Lune) ils ne confessent, ny n’adorent aucuns dieux celestes ny terrestres : et par consequent n’ayans aucun formulaire, ny lieu deputé pour s’assembler, à fin de faire quelque service ordinaire, ils ne prient par forme