Page:Joubert - Pensées 1850 t2.djvu/54

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force, la propriété, avoir appris son histoire.

La science des mots enseignerait tout l’art du style. Voilà pourquoi, quand une langue a eu plusieurs âges, comme la nôtre, les vieux livres sont bons à lire. Avec eux, on remonte à ses sources, et on la contemple dans son cours. Pour bien écrire le français, il faudrait entendre le gaulois. Notre langue est comme la mine où l’or ne se trouve qu’à de certaines profondeurs.

Il est une foule de mots usuels qui n’ont qu’un demi-sens, et sont comme des demi-sons.

Ils ne sont bons qu’à circuler dans le parlage, comme les liards dans le commerce.

On ne doit pas les étaler, en les enchâssant dans des phrases, quand on pérore ou qu’on écrit. Il faut bien se garder surtout de les faire entrer dans des vers ; on commettrait la même faute que le compositeur qui admettrait, dans sa musique, des sons qui ne seraient pas des tons, ou des tons qui ne seraient pas des notes.

Il y a dans la langue française de petits mots dont presque personne ne sait rien faire.