Page:Jourde - Souvenirs d’un membre de la Commune.djvu/102

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

prison, il me suffira de dire que douze heures après mon arrivée, quand on ouvrit la porte de la cave pour la distribution de notre ration de pain, nous pûmes apercevoir, grâce à la lanterne dont le gendarme était porteur, des corps sans mouvement étendus dans la cave. C’étaient les cadavres de quatre de nos compagnons que l’asphyxie avait tués.

Je restai deux jours dans ce lieu abominable.

Le jeudi Ier juin, un capitaine de gendarmerie me fit sortir de mon cachot pour me faire passer par les armes.

Placé contre le mur, au fond de la cour de l’ancienne demeure des présidents du Sénat, j’allais être fusillé, lorsqu’un officier d’ordonnance du général de Cissey fit, d’une fenêtre du premier étage, un signe au peloton d’exécution qui s’apprêtait à me loger quelques balles dans la tête.

L’officier descendit dans la cour, et, après une très vive explication avec le capitaine de gendarmerie, il congédia le peloton et m’apprit que j’allais être dirigé sur Versailles — Quelques heures après j’étais enfermé dans la maison de justice de cette ville.

Deux mois plus tard, le 3e conseil de guerre me faisait l’honneur de me condamner à la déportation simple.