Page:Jourde - Souvenirs d’un membre de la Commune.djvu/32

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.



Dans les premiers jours de février, mon excellent ami Ballière vint me proposer de mettre à exécution les projets que nous caressions depuis quelque temps déjà.

Un navire australien consentait à nous prendre à son bord moyennant le versement d’une somme de deux cent cinquante francs pour chacun. À l’aide des ressources que nous fournissait notre travail et, au besoin, avec le concours d’un ami, la question d’argent était résolue. Restait à atteindre le bateau sauveur sans être vus. À bord, nous devions être cachés dans une caisse à biscuits et n’en sortir qu’après que nous serions au large.

Avec le concours d’un jeune Badois, employé de commerce à Nouméa, qui nous avait toujours témoigné une grande amitié et un véritable dévouement, il fut convenu que nous tenterions, dans la nuit, de nous emparer de l’une des barques laissées sur le rivage, dans un endroit non surveillé, et que nous gagnerions, sans bruit, le navire qui devait appareiller aussitôt le soleil levé. Pour enlever la barque que nous avions en vue, l’aide de quatre vigoureux kanaks nous était nécessaire. Notre jeune ami se chargea de ce détail et, à minuit, nous nous diri-