Page:Jourde - Souvenirs d’un membre de la Commune.djvu/42

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en marécages, où croissent quelques palétuviers. De loin en loin, un arbre au tronc blanchâtre, aux branches inclinées par le vent dans une direction uniforme, semble une sentinelle perdue dans le désert. C’est le Niaouli, sorte d’eucalyptus particulier au pays. Pas un seul cours d’eau. L’eau nécessaire au pénitencier est apportée, par mer, dans des futailles, ou recueillie à la saison des pluies dans des fosses, où elle ne tarde pas à devenir saumâtre.

Du côté de la terre, le passage est défendu et intercepté par des fortifications et par un campement de soldats d’infanterie de marine, lequel occupe la plus grande surface de l’isthme. Il est défendu à tout navire de s’approcher de plus de mille mètres de la terre. À la nuit, la sortie du port est interdite. De nombreuses rondes de surveillants armés de revolvers et de chassepots font des patrouilles continuelles dans l’enceinte fortifiée et ont l’ordre de faire feu sur les promeneurs nocturnes. Des sentinelles sont établies sur toutes les hauteurs qui commandent la place, et la garde des prisonniers est complétée par une surveillance de nuit et de jour, exercée, autour du port et de la péninsule, par des bateaux à vapeur. » (Paschal-Grousset.)