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MARS 1792.

eſpece de travaux ; des loi qui, malgré les imperfections dont nul ouvrage humain n’eſt exempt, ſont au moins évidemment deſtinées à fonder la concorde & le bonheur de tous ſur les intérêts de tous, ne peuvent aſſurément pas être la cauſe de leur mécontentement. Il faut donc ou que le gouvernement contrarie les loix, ou que le gouvernement n’ait point de force. Si enſuite ce magiſtrat eût regardé autour de lui, s’il eût vu les tribunaux ſans force, les adminiftrateurs ſans pouvoir & ſans confideration la France entiere alarmée ſur l’État de ſes finances, ſur celui de ſa dette, ſur les contributions, ſur la fortune publique ; &, par conſéquent, les particuliers inquiets ſur leur fortune privée ; la défiance & l’effroi arrêtant ou précipitant les tranſactions commerciales ; les ſpéculations les plus légitimes devenues dangereuſes ; vingt tentatives pour taxer le prix des denrées ; le diſcrédit de nos papiers, effet infaillible de toutes ces cauſes ; il n’auroit pas été embarraſſé de rendre raiſon de ce grand nombre de mécontens qui ſe groſſlt tous les jours. Il eut enſuite cherché d’où peut naître un relachement ſi incroyable dans toutes les parties du gouvernement, & cette terreur des bons, & cette audace des méchans : je doute que ſes yeux euſſent trouvé à ſe fixer ailleurs que ſur ces ſociétés, où un infiniment petit nombre de François paroiſſent un grand nombre parce qu’ils ſont réunis & qu’ils crient.

Et alors comparant leur action & leur organiſation avec les idées qu’il doit s’être faites d’un État libre & bien ordonné, il auroit, je penſe, conclu avec moi, & avec tout lecteur qui n’eſt pas, ou un des frippons intéreſſés à tant de désordres, ou d’une imbécilité à qui tout raiſonnement ſoit interdit, qu’il eſt abfolument impoſſible d’établir & d’affermir un