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leur réunion un grand motif moral et politique, vous aurez assuré l’éducation de la nation. » Chamfort osait être d’un avis contraire : « Les hommes deviennent petits en se rassemblant ; ce sont les diables de Milton, obligés de se rendre pygmées pour entrer dans le Pandémonium. »

Dès 1791, Mirabeau et Talleyrand soutiennent que la religion doit être tenue en dehors de ces fêtes : «  Il est plus religieux, disaient-ils, de l’en écarter. » Nouveauté singulièrement significative, car depuis l’avénement du christianisme la religion avait été toujours le fond de toutes les fêtes ; l’élément capital de la fête de la Fédération était une cérémonie religieuse. M. J. Chénier propose que ces fêtes soient réparties sur toute l’année : « Il faudra semer l’année de grands souvenirs, composer de l’ensemble de nos fêtes civiques une histoire annuelle et commémorative de la révolution française… On enseigne les métiers, les sciences, les arts ; les mœurs et la vertu s’inspirent. » Il faut faire comme les prêtres, qui ont pris possession de l’année entière, de chaque saison, qui se sont emparés de tous les âges de la vie par les cérémonies et les sacrements : on établira des fêtes de la naissance, de la jeunesse, du mariage, de la mort ; on rendra surtout de grands honneurs aux vieillards.

La Convention à son tour charge le Comité d’instruction publique de présenter un rapport sur l’établissement de fêtes destinées à solenniser le décadi : « Il faut faire quelque chose, l’inquiétude est générale. » Grégoire ne craignait pas de dire quelle était à son