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avis la cause de ce malaise ; il soutenait que des fêtes civiles étaient impuissantes à le faire cesser ; il osa réclamer la liberté des cultes dans un beau discours prononcé le 1er nivôse an III (21 déc. 1794) ; mais on ne le laissa par parler jusqu’au bout.

Le 1er floréal an II (20 nov. 1794) Billaud Varenne, dans son rapport sur les moyens de mettre la vertu à l’ordre du jour, signalait l’instruction des enfants, les fêtes, les spectacles et les honneurs solennels rendus aux belles actions. Les mêmes idées sont développées par Boissy d’Anglas dans un Essai sur les fêtes nationales publié par la Décade philosophique : « Établir des principes qui dérivent de la nature, en tirer des lois douces, humaines, impartiales, c’est le premier devoir du législateur ; le second est d’habituer le peuple à ce nouveau code, de le lui apprendre, pour ainsi dire, par les sens, de le lui rappeler à de fréquentes époques, de l’y attacher enfin par le puissant lien du plaisir. Des cérémonies publiques, des fêtes rempliront seules ce dernier objet[1].

On commence par fêter l’anniversaire des événements glorieux de la révolution ; mais les grandes journées se multipliant, il y a bientôt trop d’anniversaires ; ils sont surtout peu d’accord entre eux et l’on est amené à célébrer et à exécrer tour à tour les mêmes événements et les mêmes hommes. On ne manque pas d’instituer des fêtes en l’honneur de la sainte Agriculture, au retour de chaque saison. Mais ce qu’on

  1. Décade philosophique. Tome II (1795).