Page:Kant - Anthropologie.djvu/77

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
66
DE L’INTELLIGENCE.


force vainement d’en découvrir le sens, se trouvant ainsi condamnée à l’isolement au milieu même de la société.


§ XXIII.


Du goût et de l’odorat en particulier.


Les deux derniers sens (qui sont plus subjectifs qu’objectifs) possèdent une réceptivité pour certains objets propres à faire naître des sensations d’une telle nature qu’elles sont purement subjectives, et que ces objets agissent sur les organes de l’odorat et du goût par une excitation qui n’est cependant ni odeur ni saveur ; c’est comme l’action sentie de certains sels fixes qui portent les organes à des sécrétions particulières. Ces objets ne sont donc pas, à proprement parler, ingérés ou absorbés dans les profondeurs intimes des organes ; seulement ils les irritent pour disparaître aussitôt ; ce qui fait qu’ils peuvent être consommés pendant toute la journée, sans qu’il y ait satiété, excepté durant le sommeil et le temps des repas. La matière la plus commune de ces sensations est le tabac, soit à priser, soit à chiquer, soit à fumer. Au lieu de tabac, les Malais se servent pour fumer de l’aréka enveloppé dans une feuille de bétel (bétélarek), qui produit le même effet. — Ce besoin {pica), abstraction faite de l’utilité médicale, ou du danger qui peut résulter de la sécrétion du fluide dans les deux organes, est, comme simple