Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/128

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moins, pour se les représenter déterminément, elle les conçoit comme la connaissance d’un objet, connaissance parfaitement déterminée par rapport à ces règles, mais dont l’objet n’est qu’une Idée, afin d’approcher aussi près que possible de la connaissance intellectuelle de la perfection indiquée par l’Idée.


§ XLV.

Observation préliminaire sur la dialectique de la raison pure.

Nous avons fait voir précédemment, § 34 et 35, que la pureté, où sont les catégories de tout mélange de déterminations sensibles, peut conduire la raison à étendre leur usage au-delà de toute expérience, c’est-à-dire aux choses en soi, quoique, par le fait qu’elles ne trouvent pas d’intuition qui puisse leur donner sens et signification in concreto, elles représentent, comme fonction purement logique, une chose en général, il est vrai, mais sans pouvoir donner par elles seules une notion déterminée d’une chose quelconque. Ces objets hyperboliques sont donc ceux qu’on appelle noumènes ou êtres intellectuels purs (ou mieux êtres de raison), tels, par exemple qu’une substance mais qui est conçue sans permanence dans le temps, ou une cause mais qui n’agit pas dans le temps, etc., puisqu’on leur donne des prédicats qui ne servent qu’à rendre possible la légitimité de l’expérience, et qu’on en détache cependant toutes les conditions de l’intuition sous lesquelles seules l’expérience est possible, et qu’ainsi ces notions perdent toute signification.