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INTRODUCTION.


qui s’offre à nous sous le couvert de la raison pure, il ne nous reste plus qu’une question critique, à la solution de laquelle nous ayons à nous appliquer désormais : Une métaphysique est-elle absolument possible. Mais cette question doit être résolue non par des doutes sceptiques touchant certaines affirmations d’une métaphysique réelle (car nous n’en reconnaissons aucune pour le moment), mais d’après la notion encore toute problématique d’une pareille science.

Dans la Critique de la raison pure, j’ai traité cette question synthétiquement ; c’est-à-dire que j’ai fait mes recherches dans la raison pure même, et que j’ai essayé d’établir d’après des principes dans cette source même et les éléments et les lois de son usage. Ce travail est difficile, et demande un lecteur résolu de suivre par la pensée un système qui est encore sans autre fondement donné que la raison même, et qui par conséquent, sans s’appuyer sur un fait quelconque, cherche à faire sortir la connaissance de son germe primitif. Des prolégomènes doivent être au contraire des préludes ; ils doivent plutôt indiquer ce qui est à faire pour constituer une science autant que possible, qu’exposer la science même. Ils doivent donc s’appuyer sur quelque chose que l’on connaît déjà passablement, d’où l’on peut partir avec confiance et s’élever aux sources que l’on ne connaît pas encore, et dont la découverte nous expliquera non seulement ce qu’on savait, mais aussi l’étendue de beaucoup de connaissances qui proviennent toutes des mêmes sources. Le procédé méthodique des prolégomènes, de ceux-là