Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/98

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est par sa lumière la cause de la chaleur. La règle empirique précédente est maintenant regardée comme une loi, et valable, à la vérité, non plus à l’égard des simples phénomènes, mais bien à l’égard des phénomènes au profit d’une expérience possible, qui a toujours et par conséquent nécessairement besoin de règles sûres. Je vois donc bien la notion de cause comme une notion qui appartient nécessairement à la simple forme de l’expérience, et sa possibilité comme celle d’une liaison synthétique en une conscience en général ; mais je n’aperçois pas la possibilité d’une chose en général, comme cause, et cela par la raison que la notion de cause n’indique absolument aucune condition qui tienne aux choses, mais seulement à l’expérience, à savoir que cette connaissance ne vaut objectivement que des phénomènes et ne peut être que leur succession, en ce sens, que celui qui précède peut être rattaché à celui qui suit conformément à la règle des jugements hypothétiques.


§ XXXI.

Les notions intellectuelles pures n’ont donc absolument aucune signification si elles désertent les objets de l’expérience et veulent être rapportées aux choses en soi (noumena). Elles ne servent pour ainsi dire qu’à épeler des phénomènes afin de pouvoir les lire comme expérience. Les principes qui résultent de leur rapport au monde sensible ne servent à l’entendement humain que pour l’usage expérimental. Vouloir en faire un autre usage c’est former des liaisons arbitraires, sans