Page:Kierkegaard - En quoi l’homme de génie diffère-t-il de l’apôtre?.djvu/20

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

vertie en une ressemblance fondamentale qui fait l’homme l’égal de Dieu ainsi que le sont la feue Majesté et son valet de chambre.

Or, il existe et existera éternellement une différence essentiellement qualificative entre Dieu et l’homme. Le rapport paradoxal-religieux (qu’on ne saisit que par la foi mais point par la spéculation) naît de ce que Dieu confie à un homme l’autorité divine par rapport, bien entendu, à la mission dont il est chargé. L’homme ainsi élu devient étranger à la proportion : l’homme à l’homme en tant qu’homme. Il n’y a aucune différence de quantité (homme de génie, homme d’esprit etc.) entre lui et les autres hommes. Il s’y rapporte paradoxalement, ayant une qualité spécifique dont l’immanence ne saurait jamais reproduire l’identité éternelle, cette qualité étant essentiellement paradoxale et contraire à la spéculation (à laquelle elle succède au lieu de la précéder). Supposons qu’un homme ait conçu par lui-même la doctrine que nous apporte de par une ordonnance divine l’envoyé de Dieu, ces deux hommes resteront pourtant à jamais dissemblables, l’envoyé de Dieu se distinguant de tous les autres hommes par sa qualité spécifiquement paradoxale (l’autorité divine) ainsi que de l’identité essentielle qui est la notion constitutive et immanente sur laquelle sont basées toutes les différences entre les hommes. La notion d’Apôtre