Page:Kipling - Au hasard de la vie, trad. Varlet, 1928.djvu/25

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peu flatteuse pour le beau sexe en général. Georgina s’était mise à la recherche de Georgie Porgie, qui, à ce qu’elle en savait, pouvait aussi bien être à Rangoun que de l’autre côté de l’Eau Noire, ou mort. Le hasard la favorisa. Un vieux gendarme sikh lui dit que Georgie Porgie avait traversé l’Eau Noire. Elle prit passage en classe d’émigrants à Rangoun et s’en alla à Calcutta, gardant pour elle le secret de sa recherche.

Pendant six semaines elle fut perdue dans l’Inde sans laisser aucune trace et nous ignorons quelles peines de cœur elle dut endurer.

On la revit à sept cents kilomètres au nord de Calcutta, se dirigeant toujours vers le nord, très lasse et amaigrie mais très ferme dans sa résolution de retrouver Georgie Porgie. Elle ne comprenait pas le langage du pays ; mais l’Inde est infiniment charitable, et le long de la Grande Artère Centrale les femmes lui donnaient à manger. Quelque chose lui faisait croire qu’elle trouverait Georgie Porgie au bout de cette route impitoyable. Peut-être rencontra-t-elle un cipaye qui l’avait connu en Birmanie, mais cela n’est pas certain. Finalement elle fit la rencontre d’un régiment en ligne de marche, et y retrouva l’un des nombreux lieutenants que Georgie Porgie avait invités à dîner dans le lointain autrefois de la chasse aux dacoits. Lorsque Georgina se jeta aux pieds de l’homme et se mit à pleurer, on se divertit quelque peu parmi les tentes ; mais on cessa de se divertir quand elle eut raconté son histoire, et, ce qui valait encore mieux, on fit une collecte. L’un