Page:Kipling - Le Livre de la jungle, illustré par de Becque.djvu/190

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guêpe marchant sur un carreau de vitre… un crissement sec d’écailles sur la brique.

— C’est Nag ou Nagaina, se dit-il, qui rampe par le conduit de la salle de bains… Tu as raison, Chuchundra, j’aurais dû parler à Chua.

Il se glissa dans la salle de bains de Teddy, mais il n’y trouva personne, puis, dans la salle de bains de la mère de Teddy. Au bas du mur crépi de plâtre, une brique avait été enlevée pour le passage d’une conduite d’eau, et, au moment où Rikki-tikki s’introduisait dans la pièce, le long de l’espèce de margelle en maçonnerie où la baignoire était posée, il entendit Nag et Nagaina chuchoter dehors au clair de lune :

— Quand la maison sera vide, disait à son mari Nagaina, il faudra bien qu’il s’en aille ; alors, nous rentrerons en possession du jardin. Entrez tout doucement et souvenez-vous que l’homme qui a tué Karait est la première personne à mordre. Puis, revenez me dire ce qu’il en advient, et nous ferons ensemble la chasse à Rikki-tikki.

— Mais êtes-vous sûre qu’il y a quelque chose à gagner en tuant les gens ? demanda Nag.

— Tout à gagner. Quand personne n’habitait le bungalow, avions-nous une mangouste dans le jardin ? Tant que le bungalow reste vide, nous sommes roi et reine du jardin ; et souvenez-vous qu’aussitôt nos œufs éclos dans la melonnière… demain peut-être… nos enfants auront besoin de place et de paix.

— Je n’y songeais pas, dit Nag. J’y vais, mais il est inutile de faire la chasse à Rikki-tikki ensuite. Je tuerai