Page:Kipling - Le Livre de la jungle, illustré par de Becque.djvu/67

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suivant du télescope de ses yeux le sillage dans les cimes, tandis que l’escorte de Mowgli y passait en tourbillon.

— Ils ne vont jamais loin, dit-il avec un petit rire. Ils ne font jamais ce qu’ils ont projeté de faire. Toujours prêts, les Bandar-log, à donner du bec dans les nouveautés. Cette fois, si j’ai bon œil, ils ont mis le bec dans quelque chose qui leur donnera du fil à retordre, car Baloo n’est pas un poussin, et Bagheera peut, je le sais, tuer mieux que des chèvres.

Là-dessus, il se berça sur ses ailes, les pattes ramenées sous le ventre, et attendit.

Pendant ce temps, Baloo et Bagheera se dévoraient de chagrin et de rage. Bagheera grimpait comme jamais de sa vie auparavant, mais les branches minces se brisaient sous le poids de son corps, qui glissait jusqu’en bas, de l’écorce plein les griffes.

— Pourquoi n’as-tu pas averti le petit d’homme ? rugissait le félin aux oreilles du pauvre Baloo, qui s’était mis en route, de son trot massif, dans l’espoir de rattraper les singes. Quelle utilité de le tuer de coups si tu ne l’avais pas prévenu ?

— Vite ! Ah, vite ! Nous — pouvons encore les rattraper ! haletait Baloo.

— À ce pas ! Il ne forcerait pas une vache blessée. Docteur de la Loi — frappeur d’enfants — un mille à rouler et tanguer de la sorte, et tu éclaterais. Assieds-toi tranquille et réfléchis ! Fais un plan ; ce n’est pas le moment de leur donner la chasse. Ils pourraient le laisser tomber, si nous les serrions de trop près.