Page:Kipling - Le Livre de la jungle, illustré par de Becque.djvu/68

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Arrula ! Whoo ! Ils l’ont peut-être laissé tomber déjà, fatigués de le porter. Qui peut se fier aux Bandar-log ? Qu’on me mette des chauves-souris mortes sur la tête ! Qu’on me donne des os noirs à ronger ! Qu’on me roule dans les ruches des abeilles sauvages pour que j’y sois piqué à mort, et qu’on m’enterre avec l’Hyène, car je suis le plus misérable des ours ! Arrulala ! Wahooa ! Ô Mowgli, Mowgli ! Pourquoi ne t’ai-je pas prémuni contre le Peuple Singe au lieu de te cogner la tête ? Qui sait maintenant si mes coups n’ont pas fait envoler de sa mémoire la leçon du jour, et s’il ne se trouvera pas seul dans la jungle sans les Maîtres Mots ?

Baloo se prit la tête entre les pattes, et se mit à rouler de droite et de gauche en gémissant.

— En tout cas, il m’a redit les mots très correctement il y a peu de temps, dit Bagheera avec impatience. Baloo, tu n’as ni mémoire, ni respect de toi-même. Que penserait la jungle si moi, la Panthère Noire, je me roulais en boule comme Sahi, le Porc-Épic, pour me mettre à hurler ?

— Je me moque bien de ce que pense la jungle ! Il est peut-être mort à l’heure qu’il est.

— À moins qu’ils ne l’aient laissé tomber des branches en manière de passe-temps, qu’ils l’aient tué par paresse de le porter plus loin, ou jusqu’à ce qu’ils le fassent, je n’ai pas peur pour le petit d’homme. Il est sage, il sait des choses, et, par-dessus tout, il a ces yeux que craint le peuple de la jungle. Mais, et c’est un grand malheur, il est au pouvoir des Bandar-log ; et parce qu’ils vivent