Page:Kipling - Le Livre de la jungle, trad. Fabulet et Humières.djvu/182

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tache hérissée et soufflant comme une locomotive, tandis que Matkah et la fiancée de Kotick s’accroupissaient pour suivre le spectacle, et admiraient leurs hommes. Ce fut une magnifique bataille, car l’un et l’autre se battirent aussi longtemps qu’il resta un seul phoque à oser lever la tête ; et, lorsqu’il n’en resta plus, ils paradèrent fièrement sur la grève, côte à côte, en mugissant.

À la nuit, comme les feux boréaux commençaient à scintiller et à danser à travers le brouillard, Kotick escalada un rocher nu et contempla les nurseries dispersées, les phoques meurtris et saignants.

— Maintenant, dit-il, je vous ai donné la leçon que vous méritiez.

— Par ma perruque — dit le vieux Sea Catch en se redressant avec raideur, car il était terriblement courbaturé — Killer Whale ne les aurait pas plus mal arrangés… Fils, je suis fier de toi… et mieux, je viendrai, moi, à ton île… si elle existe.

— Écoutez, lourds pourceaux de la mer. Qui m’accompagne au tunnel de Sea Cow ?… Répondez, ou je recommence la leçon, rugit Kotick.

Il y eut un murmure, pareil au frisselis de la marée, sur toute l’étendue des grèves.