Page:Klaproth - Tableaux historiques de l'Asie, 1826.djvu/261

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mesures qu'ils devinrent de jour en jour plus indépendants. Ils massacrèrent les ministres, toute la garde du prince, et ceux des grands dont ils croyaient avoir sujet de se défier. Wen tsoung, se voyant sans autorité, mourut de chagrin, en S4o. Un de ses frères prit les rênes du gouvernement : l'histoire le connaît sous le nom de Wou tsoung. Il eût pu rétablir les affaires , si son règne eût été plus long. Il purgea les limites de la Chine de tribus turques et tubétaines, qui depuis long-temps avaient empiété sur les terres de l'empire.

Depuis l'introduction de la religion chrétienne par les Jacobites de Syrie, cette croyance, mêlée probablement d'idées bouddhistes, avait fait de grands progrès en Chine. Wou tsoung fut attaché à la religion des Tao szu, qui est une espèce de quiétisme pythagorico - platonique ; il ne fut donc pas très favorable aux croyances étrangères qui avaient cours dans son empire. En 845 ses ministres lui firent un rapport sur le nombre des religieux, des religieuses et des temples de la religion de Bouddha, et sur les grands désordres qui en étaient la suite; en conséquence il ordonna d'abattre tous ces temples, et de n'en laisser subsister que deux à Tchhang ngan et à Lo yang, et un dans les autres grandes villes, dont les prêtres devaient être subordonnés à ceux des deux capitales. Il fit quitter aux religieux des deux sexes leurs couvents, et les renvoya dans leurs familles. Les biens immenses qui avaient appartenu aux monastères et aux temples furent soumis aux mêmes impôts que les autres terres de l'empire, et leurs serfs furent incorporés dans la masse du peuple. Les officiers chargés de faire le rapport sur les temples de Foe ou Bouddha n'avaient pas fait mention de ceux des autres religions étrangères qui s'étaient répandues en Chine : l'une était celle de Ta thsin ou le christianisme ; l'autre était celle de Moukh \ ou Mouhoub, c'est-à-dire la doctrine des Mages, Mough ou Mobed. Par un second édit, l'empereur ordonna que les prêtres de ces deux religions devaient également quitter le cloître, et retourner dans leurs familles. Ils furent soumis aux mêmes corvées que le peuple. L'empereur fit remettre les ministres de ces religions qui étaient étrangers aux commandants des frontières avec l'ordre de les renvoyer dans leurs pays respectifs.

Le dénombrement fait à cette occasion apprit qu'il y avait quatre mille six cents temples et couvents autorisés par le gouvernement, et quarante mille bâtis par des particuliers; et que le nombre des religieux et religieuses était de