Page:Léonard de Vinci - Traité élémentaire de la peinture, 1803.djvu/36

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Conseil, et Léonard fut chargé par un décret de la conduite de l’ouvrage ; il l’avoit déjà fort avancé d’un côté de la salle, lorsqu’il s’apperçut que ses couleurs ne tenoient point, et qu’elles se détachoient de la muraille à mesure qu’elles séchoient. Michel Ange peignoit en concurrence de Léonard un autre côté de la salle, quoiqu’il n’eût encore que vingt-neuf ans ; il étoit savant, et avoit déjà acquis une grande réputation ; il prétendoit même l’emporter sur Léonard qui étoit âgé de plus de soixante ans : chacun avoit ses amis, qui, bien loin de les raccommoder, les aigrirent tellement l’un contre l’autre, en donnant la préférence à celui pour qui ils se déclaroient, que Léonard et Michel Ange en devinrent ennemis. Raphaël fut le seul qui sut profiter des démêlés de ces deux grands hommes, la réputation de Léonard l’avoit fait venir à Florence ; il fut surpris en voyant ses ouvrages, et quitta bientôt la manière sèche et dure de Pierre Pérugin son maître, pour